Plongée au cœur de la sélection Mini avec le jury

Skippeurs à bord de voiliers habitables J/80

Publié le mardi 4 avril 2023

Ils ont eu la lourde tâche de sélectionner, sur dossiers, neuf candidats pour l’étape qualificative de la sélection "(Handi)cap sur la Mini Transat 2025", qui s’est déroulée à Pornichet, les 27 et 28 mars. Et la mission, encore plus ardue, d’en retenir cinq d'entre eux pour la finale, qui aura lieu ce week-end à La Turballe. Les membres du jury reviennent pour nous sur cette première phase de la sélection, avec un œil expert et passionné.

Testés sur l’eau, à bord des J/80 de l’APCC, dans des conditions clémentes le premier jour, puis sportives le second, les candidats en lice pour devenir le (ou la) futur(e) skippeur du Mini 6.50 aux couleurs de l’association Des Pieds et Des Mains ont aussi vécu leurs premiers entretiens à terre, dont l’un d’ordre médical. Une façon pour le comité de sélection de valider, non seulement leurs qualités de marin, mais aussi leurs capacités physiques et mentales, ainsi que leur motivation à s’engager dans un tel projet. Et ainsi devenir, à terme, le (ou la) futur(e) porte-drapeau de la voile inclusive !

Grégory Boyer-Gibaud, conseiller technique de l’association :
"Si Des Pieds et Des Mains se lance dans une aventure comme celle-ci, avec le soutien de la Fondation d'entreprise OCIRP, c’est parce qu’il y a du sens. Cela va bien au-delà d’une simple participation éventuelle à la Mini Transat 2025. Il y a une cause à défendre, celle du handicap, et la question de l’inclusion, dans le monde de la voile et dans la société plus généralement. Nous voulions donc, outre le niveau technique pur en navigation, savoir comment chacun des candidats se positionnait par rapport au projet porté par l’association. Et si le sens que nous voulons lui donner était le même pour eux que pour nous. Parce qu’il ne faut pas oublier que nous cherchons à la fois un skippeur capable de traverser l’Atlantique en solitaire, mais aussi et surtout un ambassadeur capable de porter un message fort. Les qualités sportives sont donc aussi importantes que l’aspect humain. Et d’un côté comme de l’autre, nous n’avons pas été déçus !"

Antoine Bos, médecin et skippeur de la Mini Transat 2021 :
"D’un point de vue médical, nous avions d’abord pour objectif d’évaluer sur le plan physique chacun des candidats, qu’ils soient en situation de handicap ou non. Pour les uns comme pour les autres, nous voulions nous assurer qu’il n’existait aucune contre-indication à la pratique de la course au large, sur un bateau aussi exigeant qu’un Mini 6.50. C’est un petit voilier certes, mais il est très "toilé" et donc un peu dur, voire brutal parfois. Il faut pouvoir le tenir et tout donner pendant un court instant pour effectuer une manœuvre. Et puis à bord, c’est l’inconfort permanent ! Le skippeur est tout le temps courbé, ne peut pas marcher, est toujours en mouvement… Ça nécessite donc une grosse préparation à terre pour éviter les blessures. C’est la raison pour laquelle nous devions assurer qu’il n’y avait pas de vulnérabilités particulières liées au handicap, ni de pathologies quelconques chez les valides."

Bernard Destrubé, médecin classifieur World Sailing, membre de la commission médicale de la Fédération Française de Voile :
"Pour les candidats handi, nous avons cherché à savoir comment ils vivent leur handicap au quotidien, la façon dont ils l’intègrent, s’adaptent, et quel est son impact réel dans leur vie. C’était aussi important d’avoir une idée plus précise de la manière dont ils le ressentent à bord d’un bateau et à quel point cela influe sur leur façon de naviguer. Au-delà de ça, nous avons également évalué la capacité de résistance au stress de chacun des candidats, pour savoir comment ils pourraient faire face à des situations difficiles en mer. Il y a donc eu des échanges très intéressants et passionnants, à l’image de ce projet. Il fait rêver les gens, je trouve ça fabuleux !"

Hervé Aubry, entraîneur du Pôle Mini de La Turballe Course au Large :
"Durant les deux sessions de navigation en J/80, nous avons pu observer la technique, le niveau d’aisance de chaque candidat sur les différents postes, leurs mouvements à bord, mais aussi leur degré d’engagement. On les a mis dans des conditions difficiles, à bord de bateaux conçus pour naviguer en équipage, mais c’était une bonne mise à l’épreuve, car le jour où ils vont attaquer la navigation en solitaire en Mini 6.50, ils vont forcément devoir sortir de leur zone de confort. On a pu voir que toutes et tous avaient le potentiel, avec deux ans de formation derrière, pour relever le défi qu’on leur propose. Mais à un moment donné il faut faire des choix… Nous devons juger leur potentiel. Et même si le critère technique n’est pas le seul dans un projet comme celui-ci, il reste important."

Les candidats de l'étape qualificative entourés des membres du jury et de bénévoles de l'association.
 

Alix Jaekel, Benoit David (handi, amputé d’une jambe), Benoît Debierre, Corentin Zimmer (handi, malformation des pieds et des mains) et Pierre-Louis Ramée sont donc les cinq finalistes de la sélection. Ils ont rendez-vous du 7 au 9 avril, à La Turballe, pour deux jours de navigations en double et en solitaire, à bord de Mini 6.50 cette fois. Un test grandeur nature avant le grand oral… face au jury ! L’ultime étape à franchir avant de prendre la barre du bateau Des Pieds et Des Mains, début 2024.

Crédit photos : Bruno Bouvry

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